Carreaux, plastique bleu, inox… Mais pourquoi les fonds de piscine sont-ils si tristes ?

Article paru dans 20Minutes.fr, le 1er juin 2024

Photos : 20Minutes.fr, Tpsdave / Pixabay, Stéphane Barbato – Texte : Thibaut Gagnepain

Et si les fonds de piscines n’étaient plus uniquement bleu ? 20 Minutes a tenté de percer le mystère de cette monotonie aquatique et de trouver des alternatives.

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Une piscine avec un fond… bleu ! Comme toujours (c) Tpsdave / Pixabay

L’essentiel : 

C’est un constat : les piscines publiques ont presque toutes un fond bleu. Pour des raisons de sécurité, car cette couleur permet aux maîtres-nageurs de voir le fond de la piscine.

Les bassins en inox, gris ou blanc, prennent aussi une teinte bleutée à partir d’une certaine profondeur, à cause de la réflexion de la lumière.

L’entreprise Pool-on propose un vidéoprojecteur subaquatique qui projette des images sur le fond, comme une chasse au trésor ou des oeuvres d’art, pour rendre la natation moins ennuyeuse.

Des carreaux, encore des carreaux. Certains nageurs, c’est sûr, en ont fait des cauchemars à force de les voir défiler. Logique : toutes les piscines, ou presque, en étaient recouvertes. Ce n’est plus le cas partout, loin de là. Les liners, ces poches d’imperméabilisation en plastique, ont pris le relais. Les bassins en inox aussi. Mais reste une constante : leur fond est toujours, vraiment toujours, bleu.

Mais pourquoi tant de monotonie ? « Chez les particuliers, tout est possible, il n’y a pas de règle. On a même un client qui a fait inscrire le logo du Paris Saint-Germain sur son PVC armé », explique Thierry D’Auzers, président du constructeur Everblue Piscines. « Mais pour la commande publique, la principale règle est que les maîtres nageurs doivent être en capacité de voir le fond. C’est pour ça qu’ils sont toujours clairs et avec des petits repères noirs. Un organisme de sécurité vient le vérifier. »

Clair d’accord, mais pourquoi pas alors du jaune, du blanc, du rose ? « Vous savez, les piscines constituent un équipement qui s’adresse à tout le monde. Les élus veulent froisser le moins de personnes possibles alors ils ne prennent pas de risque avec le bleu. C’est la couleur consensuelle », poursuit le spécialiste qui en a déjà vendu avec des fonds différents. « Oui, gris, mais l’effet est bleu avec la profondeur ! »

Comme avec les bassins en inox. « Il est laminé à froid et a une couleur grise, un peu comme celui qu’on trouve dans les cuisines de collectivités », détaille Alexandre Renneteau, directeur commercial France chez le fabricant HSB. « Mais à partir de 1,20, 1,30 mètre, l’eau prend une teinte bleutée avec la lumière. »

« Chez nous, c’est de l’inox laminé à chaud qui devient très clair », indique de son côté Alexandre Gardoin, le directeur commercial France du concurrent, Myrtha Pools. Chez qui l’eau devient aussi bleue à l’œil, mais « à partir de 60 centimètres, conséquence de la réflexion de la lumière ».

Logos, projecteurs… des innovations existent

Les deux constructeurs proposent des coloris différents pour leurs fonds. « On en a déjà fourni en gris et en vert clair, même en noir mais ce n’était pas pour une collectivité car c’est interdit. On peut aussi ajouter des logos, de club, de ville etc. », précise le deuxième nommé, dont l’entreprise équipe les bassins olympiques « depuis 1996 ». L’un comme l’autre le reconnaissent néanmoins : « ça arrive très rarement » qu’une teinte originale soit demandée.

Mais alors que faire pour lutter contre cet éternel bleu ? L’entreprise Pool-On propose une solution avec son « premier vidéoprojecteur subaquatique au monde ». Où les appareils, suspendus assez profondément, envoient des images sur le fond de la piscine. « Il peut y avoir une chasse au trésor avec des poissons à suivre, les rues de New York, une balade dans l’espace au-dessus de la station internationale, des œuvres d’art, un avatar pour apprendre à nager… On a une plate-forme avec de nombreuses possibilités », présente son cofondateur Matthieu Combat.

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L’entreprise Pool-On propose de projeter des images sur les fonds des piscines. Comme ici une méduse (c) Stéphane Barbato

Pour le moment, seul le centre aquatique Nautipolis, près d’Antibes, est équipé. Mais la marque, qui compte comme associé le double champion olympique Alain Bernard, est en plein développement. « Nous allons livrer nos premiers clients en septembre », reprend Matthieu Combat, qui espère ainsi rendre la natation plus attractive.

« C’est le sport santé par excellence, tout le monde le dit, mais aussi l’un des plus ennuyants. Car on ne peut pas échanger avec quelqu’un, comme au foot par exemple, ou se lancer des défis comme avec sa montre quand on court. Nous, on permet de mettre un peu de fun et de couleur dans tout ça. » Sur fond bleu, mais bien moins triste.